Parmi les animaux qui apparurent sur la Terre se trouva une race qui, par les capacités que lui avait confiées la nature, sut s’adapter aux conditions diverses qui s’abattirent sur le monde les siècles qui suivirent. Une espèce qui parvint à survivre et à sortir plus forte des crises qui anéantirent de nombreuses espèces animales. Aux longues périodes de chaleur extrême comme aux jours où l’eau des mers gelait, l’homme s’adapta et survécut.
Il peupla la terre et la soumit à sa volonté.
Les hommes s’unirent et construisirent des villes. Des hommes sortirent de la masse sans visage pour la diriger, avant de retomber dans le néant de la mort et du chaos. Mais les générations se succédèrent, et comme il n’en fut pas un qui vécut au-delà de son heure, tout projet était condamné à rester à jamais en dehors du possible et du réel. Aucun homme n’avait le temps d’accomplir tout ce qu’il devait.
La société y parvint. L’écriture inventée, tout projet fut transcrit sur des tablettes, et la mort confiait le projet à un autre, qui le laissait à sa mort à un troisième, et ainsi la société amena les hommes à achever tous leurs projets.
L’homme devint invincible.
Jusqu’au jour où des hommes désirèrent ce que d’autres avaient, et les tuèrent comme du gibier pour le leur prendre. La guerre fut inventée, qui déchira les hommes. Les faibles entourèrent les forts pour se protéger, et des royaumes apparurent.
Tout en bas de l’échelle sociale, courbant l’échine et soumis à leurs seigneurs se tenaient les paysans, sur qui reposait la lourde charge de nourrir toute la société. En haut se trouvaient les guerriers, qui protégeaient les paysans. Une société axée uniquement vers la guerre.
Trente-trois royaumes apparurent.
Mille ans passèrent, puis l’Iralie soumit à sa volonté tous les royaumes voisins, ne connaissant désormais de frontière que les mers extérieures. Du Ponant jusqu’au Levant, du point le plus septentrional jusqu’au plus méridional, un seul royaume, pas un seul conflit. Ce fut l’âge d’or de l’humanité. Mais les princes déchus eurent des fils, et leurs fils eurent à leur tour des fils, et, trois cent ans plus tard, six des trente-deux Etats soumis à l’Iralie proclamèrent leur indépendance, et se séparèrent par les armes de leurs suzerains. Six royaumes se forgèrent par le fer, dans la violence de la guerre, dans un âge où chacun pouvait s’ériger en guerrier, en général, en héros, en roi. L’âge des Héros. Plus de quinze siècles se sont écoulés. Des trente-trois royaumes de jadis, les sept présents se sont partagé les terres et les peuples.